OÙ COMMENCE LE SEXISME ?

Où commence le sexisme ? Comment les différentes formes de sexisme se sont développées ?

HISTOIRE DU CONCEPT DE SEXISME

Le sexisme existe depuis longtemps. Mais le terme même de « sexisme » aurait été inventé par Pauline M. Leet en 1965 qu’elle décrit en comparaison au racisme et énonce à l’oral comme : « Lorsque vous soutenez […] que puisque moins de femmes écrivent de la bonne poésie, cela justifie leur exclusion totale, vous adoptez une position analogue à celle du raciste – je pourrais vous appeler dans ce cas un « sexiste »… Le raciste et le sexiste agissent tous deux comme si rien ne s’était passé, et tous deux prennent des décisions et tirent des conclusions sur la valeur de quelqu’un en se référant à des facteurs qui, dans les deux cas, ne sont pas pertinents. ».

A l’écrit, ce terme apparaît pour la première fois avec Caroline Bird en 1968 qu’elle définit de la manière suivante : « Le sexisme, c’est juger les gens sur leur sexe même quand le sexe n’a pas d’importance. Sexisme est pensé pour rimer avec racisme. ».

4 ans plus tard, en 1972, le mot apparaît pour la première fois dans un dictionnaire américain, The American Heritage Dictionary of the English Language.

MESURE DU SEXISME … OU PLUTÔT DES FORMES DE SEXISME

L’étude du sexisme est assez récente. Il est d’abord étudié aux États-Unis dès les années 70 avec le ATWS (Attitudes Toward Women Scale, https://link.springer.com/content/pdf/10.3758/BF03329252.pdf). L’objectif était de mesurer l’accord aux rôles traditionnels de genre, que ce soit dans la famille, au travail ou à l’école. 

Ce n’est qu’au fur et à mesure qu’on s’est rendu compte que les gens n’assumaient plus aussi ouvertement leurs stéréotypes. Trois réactions émergent alors : le déni du problème actuel de discrimination envers les femmes, le rejet des demandes des femmes perçues comme exagérées, et le ressentiment envers les politiques en faveur des femmes. A ce moment-là, seul le sexisme envers les femmes était pris en compte et mis en avant. 

Il a alors fallu réétudier comment le sexisme se manifestait, ce qui a donné lieu à plusieurs formes de sexisme. Ce sont notamment les auteurs Glick et Fiske qui ont mis en avant deux formes de sexisme en 1996, le sexisme hostile et bienveillant. Par la suite, la notion de sexisme ordinaire se développe et se rajoute à ces deux formes.(https://www.researchgate.net/publication/232548173_The_Ambivalent_Sexism_Inventory_Differentiating_Hostile_and_Benevolent_Sexism)

LE SEXISME HOSTILE

Le sexisme hostile renvoie à des propos ouvertement méprisants sur les femmes ou les hommes. Le but est de nuire ou rabaisser. Il est explicite et donc facilement détectable.

Exemple : « les femmes ne sont pas faites pour le pouvoir », « les hommes ne savent pas faire deux choses en même temps ».

LE SEXISME BIENVEILLANT

Le sexisme bienveillant ressemble à des compliments ou de la gentillesse. Il est subjectivement positif. En effet, à l’origine, il décrit les femmes comme des personnes « pures » devant être « protégées et adorées » par les hommes.

Se cachant derrière une forme de chevalerie, le sexisme bienveillant montre en réalité deux choses. Premièrement, la place inférieure des femmes qui sont fragiles et ont besoin de la protection de l’homme. Deuxièmement, l’image stéréotypée de l’homme qui doit être fort et protecteur.

Exemple : « Il est normal que les hommes subviennent financièrement aux besoins des femmes », « heureusement que les femmes sont là dans l’entreprise pour apaiser les hommes ».

LE SEXISME ORDINAIRE

Le sexisme ordinaire réfère aux gestes, aux comportements, aux réflexions et aux attitudes quotidiens et banalisés.

Exemple :  « ma belle », « mon mignon », « c’est vrai qu’on ne peut pas compter sur elle le mercredi », ou encore des blagues, etc.

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