POUVOIR, DOMINANCE ET GENRE : UN ANCRAGE DÈS LE PLUS JEUNE ÂGE
Une étude de l’Institut des sciences cognitives (CNRS/Université de Lyon) montre que dès 4 ans, les enfants et plus particulièrement les petits garçons, associent le pouvoir, la dominance au genre masculin.
D’après un dossier France Inter
L’inégalité homme-femme serait-elle ancrée dès le plus jeune âge ? C’est tout le sujet de cette étude de l’Institut des sciences cognitives (CNRS/Université de Lyon) qui vient d’être publiée dans la revue Sex Roles. En partenariat avec l’université d’Oslo, de Lausanne et de Neuchâtel, des chercheurs français ont réalisé plusieurs expériences auprès de 900 enfants âgés de 3 à 6 ans en France, Norvège et au Liban.
DEUX EXPÉRIENCES AUX RESULTATS ÉTONNANTS.
Dans l’une des expériences, les enfants ont observé une image où deux personnages non-genrés sont représentés. L’un pointe le doigt vers l’autre qui, lui, baisse la tête. Après avoir identifié le dominant du dominé, les enfants étaient invités à dire qui est la fille et qui est le garçon. Et les résultats sont sans appel : « Une grande majorité des enfants – plus de 70% – attribue le pouvoir, la posture de dominance à une figure masculine« , explique Jean-Baptiste Van Der Henst, l’un des deux chercheurs qui a dirigé cette étude.
Deuxième expérience : cette fois-ci les enfants devaient s’identifier à l’un des deux personnages. Dans le premier cas, où l’autre était du même genre qu’eux, filles comme garçons se voient majoritairement comme le dominant. En revanche lorsqu’ils se retrouvent face au sexe opposé, une différence apparaît : « Les garçons ont plus tendance à se voir comme le personnage dominant quand ils imaginent qu’ils sont en interaction avec une fille, que les filles quand elles imaginent qu’elles sont en interaction avec un garçon« , précise Jean-Baptiste Van Der Henst.
Mais le chercheur tempère ces résultats. La représentation du pouvoir étant ici physique, elle pourrait expliquer pourquoi les enfants ont eu tendance à y associer une image masculine. Les résultats seraient peut-être différents si le pouvoir était représenté autrement. Le chercheur rassure par ailleurs : ce n’est pas parce que les enfants reconnaissent cette inégalité qu’ils la valident pour autant, estime-t-il.